Témoignage : Béa partage son expérience en alternance garde d’enfants

Quand j’ai commencé mon apprentissage en Petite Enfance, j’avais une image négative du baby- sitting. Pourtant, travailler chez les familles m’a transformée. Au début, je pensais que ce serait « juste de la garde », mais j’ai vite compris que c’était bien plus que ça.

Garder des enfants, ce n’est pas seulement les occuper : c’est être une présence rassurante, un repère, un relais entre la maison et le monde. C’est aussi apprendre à gérer mille imprévus, des pleurs aux éclats de rire, du biberon renversé au câlin improvisé.

Un jour, je gardais Tom et Jules, deux jumeaux de deux ans et demi. C’était la fin de l’hiver, ils étaient enrhumés et très fatigués. Ce jour-là, tout a semblé compliqué : ils ne voulaient ni s’habiller, ni manger, ni jouer ensemble. L’un pleurait dès que l’autre riait. Je me suis sentie dépassée. J’ai essayé les chansons, les jeux, les livres, rien n’y faisait. Et puis j’ai décidé de m’asseoir par terre, entre eux, sans rien dire, juste être là. Tom est venu poser sa tête sur mes genoux, Jules m’a tendu sa peluche. On est restés comme ça cinq bonnes minutes, sans bruit. C’est à ce moment-là que j’ai compris que parfois, il ne faut pas « faire », il faut juste « être ».

Ce que j’ai vraiment découvert, c’est l’importance de la confiance. Celle que les enfants mettent en toi, même s’ils ne te connaissent que depuis quelques heures. Celle que les parents t’accordent, quand ils te confient ce qu’ils ont de plus précieux. C’est à la fois flatteur et affolant.

J’ai aussi appris à observer. À repérer les besoins sans qu’ils soient exprimés, à anticiper, à décoder les petits gestes, les mimiques, les regards. À comprendre qu’un enfant qui « fait une crise » exprime souvent autre chose. Et que parfois, il suffit d’être à sa hauteur, littéralement, pour que tout change.

C’est un métier d’émotion. Quand on te saute dans les bras, quand un petit te dit « je t’aime Béa », quand un bébé s’endort contre toi, tu comprends pourquoi tu fais ce métier. Mais c’est aussi un métier exigeant : on donne beaucoup, tout le temps. Et il faut savoir se poser, prendre du recul, et aussi se faire accompagner quand on en a besoin.

En gardant des enfants à domicile, j’ai appris à m’adapter, à écouter, à structurer mes journées tout en restant souple. J’ai compris que chaque famille est unique, avec ses règles, ses habitudes, ses histoires. Et que notre rôle, ce n’est pas de remplacer les parents, mais d’accompagner au mieux les enfants dans leur quotidien.

Je sais aujourd’hui que je veux continuer dans ce métier. Peut-être en crèche, peut-être à domicile. Mais je sais surtout que chaque enfant que j’ai gardé m’a appris quelque chose. Et que c’est une chance énorme d’apprendre un métier aussi concret, aussi humain, tout en travaillant.